L’accouchement accompagné à domicile est un choix vers lequel certaines femmes se tournent. Chaque année, et plus précisément durant la 3e semaine de mai, a lieu la Semaine Mondiale de l’Accouchement Respecté. Une semaine importante qui permet de parler du droit à accoucher librement et de rappeler qu’accoucher, quand la grossesse est « normale », est un acte naturel qui ne nécessite pas forcément d’intervention médicale. Parfois même, celle-ci peut causer plus de tort que de bien. Aujourd’hui, nous faisons le point sur ce que l’accouchement accompagné à domicile apporte à la maman mais aussi au bébé.
D’après l’Association Professionnelle de l’Accouchement Accompagné à Domicile, l'accouchement accompagné à domicile (AAD) est une approche qui privilégie un accouchement physiologique respectant le rythme naturel de la mère et de l'enfant, tout ça, à la maison et encadré par une sage-femme. Cette méthode se concentre sur les besoins spécifiques de la femme enceinte, avec un seul praticien qui assure la surveillance médicale tout au long des consultations prénatales, de la préparation à la naissance, de la surveillance et de la responsabilité de l'accouchement, ainsi que des soins postnataux pour la mère et l'enfant. Notons qu’à tout moment au cours de ce suivi, la sage-femme peut recommander la consultation d'un médecin spécialisé si elle le juge nécessaire. La sécurité est ainsi garantie par la réorientation des femmes présentant un sur-risque, le suivi médical complet, la relation de confiance établie, et la personnalisation des soins.
Quand vous accouchez à la maternité, le principal problème auquel font face les futurs parents est l’intervention constante du personnel dans un événement en somme, naturel et si intime. Monitoring, perfusion(s), touchers vaginaux à répétition, position d’accouchement, même si les temps changent et que les femmes sont plus écoutées, il n’en reste pas moins qu’elles ne sont pas totalement libres d’accoucher comme elles le souhaitent. Par exemple, l’interdiction de manger et de boire reste répandue pour ne pas dire la règle, malgré des recommandations de l’OMS : « L'interdiction rigoureuse de toute alimentation par voie orale peut provoquer une déshydratation et une cétose. (…) Les complications mentionnées ci-dessus, spécialement la déshydratation et la cétose, peuvent être prévenues en faisant boire la mère pendant le travail et en lui donnant un peu à manger. Les infusions intraveineuses systématiques gênent le processus naturel et empêchent la femme de bouger librement. (…) L'approche correcte semble consister à ne pas aller à l'encontre du souhait de la femme de manger ou de boire pendant le travail et l'accouchement. »
De même l’emploi de la péridurale est souvent systématique, préférée par le personnel soignant à un accompagnement de qualité (oui la parturiente a besoin d’être soutenue et encouragée mais forcément par une anesthésie). Seulement voilà : mal dosée, elle empêche la femme de sentir les contractions… et de pousser correctement. Cela peut engendrer des interventions qui n’auraient pas été nécessaires dans un accouchement naturel : épisiotomie, forceps, ventouse pourraient être évités dans bien des cas.
Également, l’emploi de l’ocytocine se systématise aussi pour accélérer le travail (notamment quand un travail est jugé trop long) ou pour le déclencher alors que là encore, cela n’est pas toujours nécessaire. Il est aujourd’hui avéré que l’ocytocine employée durant le travail est responsable de problèmes d’hémorragie post-partum.
À domicile, vous pouvez prendre une douche, accoucher dans une piscine, vous décidez comment vous voulez mener cette danse. Et puis à la maison, pas de stress d’oublier quelque chose, vous connaissez les lieux : un sentiment de sécurité qui permet de se centrer sur l’essentiel, à savoir l’enfant à naître…
On parle de la maman, mais l’AAD c’est aussi bien pour bébé ! Bien sûr, les pratiques évoluent notamment grâce à l’émergence de maternités « amis des bébés », bien que cela puisse paraître aberrant qu’un tel label soit nécessaire, toutes les maternités devraient par nature œuvrer pour le bien-être des bébés. Cependant, la naissance est bien plus douce quand elle survient à la maison… Le respect de la maman et de ses souhaits mais aussi respecter le bébé qui naît : voilà ce à quoi prétend l’AAD. Pas de lumière dans les yeux à la naissance, pas de bain à peine né, pas d’examen inutile : est-ce vraiment important de savoir combien mesure bébé à peine sorti du ventre de sa mère ? Si tout va bien, il peut rester lové contre son papa et sa maman autant que bon lui semble… et se mettre à téter quand il veut. Si vous le souhaitez, le cordon de bébé peut être coupé un peu plus tard : selon l’obstétricien Frédérick Leboyer, il serait possible d’attendre que le flux dans le cordon s’arrête de lui-même de façon à faciliter et rendre moins brutal « le passage à la respiration pulmonaire ».
À noter aussi que bien qu’ils soient mal connus, les effets de la péridurale peuvent être délétères pour bébé. Dans les premières heures qui suivent la naissance sous péridurale, le bébé chercherait moins à téter et, couplé à une perturbation de la lactation chez la mère due également à l’anesthésie locale, engendrerait des problèmes de mise en route de l’allaitement… Toutes les chances sont alors là pour arriver à un échec de l’allaitement.
Rendre possible ce projet de naissance, voilà ce qui est, paradoxalement, le plus compliqué dans l’AAD. Accoucher à la maison, quand c’est un choix voulu et décidé, n’est pas chose facile. La raison principale tient au fait qu’il y a peu de sages-femmes qui pratiquent l’accouchement à domicile non pas parce qu’elles ne le souhaitent pas… mais à cause d’une sombre histoire d’assurance. En effet, pour exercer leur métier, elles doivent contracter une assurance civile professionnelle. Or de nombreuses compagnies d’assurance demandent des sommes tellement exorbitantes (quand elles ne refusent tout simplement pas d'assurer les AAD) qu’il devient difficile de pouvoir exercer à domicile… Seulement une centaine de sages-femmes AAD accompagnent les futur-parents dans ce choix d’accouchement, retrouvez la liste ici.
Comment alors avoir le choix d’accoucher où vous le souhaitez si les sages-femmes ne peuvent pas exercer librement ? L’alternative reste alors les Maisons de Naissance, dont la première a ouvert ses portes le 1er avril 2016 (le CALM, en partenariat avec la maternité des Bluets).
On attend avec impatience vos retours sur l'accouchement à domicile ! 🎈
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